Pour un gestion équilibrée des forêts domaniales

Les forêts d’Ile-de-France sont trop rares, trop petites et très menacées au regard de la densité de population et d’urbanisation dans la Région. Le réchauffement climatique produit des sécheresses plus intenses et plus fréquentes qui font mourir les arbres par le manque d’eau, et ceux qui survivent, poussent moins vite. Au lieu de nous mobiliser pour la ressource en eau de nos forêts, en priorité de nos forêts publiques, nous tolérons une intensification de leur exploitation qui les fragilise encore plus. La coupe des grands arbres-mères amoindrit la résilience des arbres voisins. L’emploi d’engins lourds et vibrants tasse irrémédiablement les sols vivants, comme si l’unique réponse aux menaces du climat était d’en ajouter d’autres. Des deux menaces, celle du climat et celle de la surexploitation, nous ne pouvons agir rapidement que sur la seconde.


Dans ce contexte, les associations franciliennes ne voient pas d’un bon œil l’augmentation des prélèvements ni même leur maintien dans les forêts domaniales (voir figure ci-dessous). Le projet de développement de la filière bois en Île-de-France, région où pourtant la surface de forêt est très faible par rapport aux autres régions, semble anachronique.


L’IGN publie annuellement des données sur les forêts : production naturelle, prélèvements, mortalité pour les trois types de forêts  (domaniales, autres forêts publiques, privées). Le taux de prélèvement est défini par la formule suivante, qui utilise les données de l'IGN : Taux de prélèvement = Prélèvements / (Production naturelle brute – Mortalité).


Le graphique ci-contre permet de comparer le taux de prélèvement dans les forêts domaniales avec celui de toutes les forêts du territoire (IdF excepté la Seine-et-Marne). On constate un fort déséquilibre de traitement entre l’ensemble des forêts et les forêts domaniales seules, qui sont nettement plus exploitées que les autres. Elles ont vu leur exploitation s’intensifier depuis l'inventaire publié en 2021.

En effet le taux de prélèvement de 78% d’après les données de 2021 est passé à 115% en 2022 et 95% en 2023. Un taux de prélèvement à 100% signifie que les prélèvements ont équivalents au volume de bois qu’offre la nature et que le puits de carbone est nul. Ces augmentations des coupes ont pour conséquences l’effondrement du puits de carbone et la détérioration de la biodiversité forestière. 


Les particularités de notre région d’IDF sont sa forte densité de population, des villes denses et trop minérales, et une surface de forêt accessible par habitant onze fois plus faible que pour le reste de la France. Cette différence justifie la priorité du rôle social des forêts domaniales et la préservation de la biodiversité sur celui de l’exploitation. Or, contrairement aux déclarations de l'ONF, ces chiffres indiquent que la production de bois prime sur ses autres missions. 

Les demandes des habitants pour une forêt plus naturelle et un moratoire sur l’augmentation des coupes sont ignorées. La forêt rajeunie, probablement trop claire, devient plus vulnérable pour résister au changement climatique.


Il est urgent de réduire drastiquement l'exploitation des forêts  domaniales d'Île-de-France !



Jean-Claude DENARD Chaville Environnement

Sophie DURIN Les Amis du bois de Verrières



Cet article est issu du Liaison n°201 spécial forêts francilienne, consultable intégralement à ce lien : https://fne-idf.fr/publications/liaison-201