🌳 Rencontre sur le terrain avec la députée Béatrice Piron
Lundi 7 juillet, à l’initiative des citoyens, nous nous sommes réunis en forêt de Fausses-Reposes, autour de Béatrice Piron, députée des Yvelines (78). Une dizaine de citoyens, représentants associatifs, élus locaux étaient présents pour exprimer leur inquiétude croissante face à la gestion actuelle de la forêt domaniale de Fausses-Reposes (630 ha), poumon vert situé à seulement 14km de Paris.
Une coupe rase qui choque
Parmi les sujets qui ont suscité une vive émotion : une coupe rase réalisée fin 2024 en lisière de forêt. Plusieurs chênes centenaires, pourtant sains, ont été abattus. Parmi eux, sans doute le doyen de la parcelle, un chêne de 3,80 mètres de circonférence, âgé d'au moins 150 ans selon Louis Vallin, vice président de l'association ARBRES.
Pourquoi sacrifier toute une parcelle, y compris ses arbres les plus remarquables, au motif que d'autres étaient malades ou dépérissants ? L’incompréhension est totale, la colère bien réelle.
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Plusieurs points majeurs ont été soulevés :
➡️ Trop de prélèvements et une accélération des cycles d’exploitation, malgré le contexte urbain et climatique.
➡️ Des coupes rases dites "sanitaires" trop fréquentes, en contradiction avec la futaie irrégulière engagée par l’ONF depuis 2017.
➡️ Des impacts lourds lors des travaux forestiers : sols retournés et compactés par les machines, sans égard pour le vivant, ni pour le paysage, et ne respectant pas les engagements de l'ONF.
➡️ Une biodiversité fragilisée et menacée : où trouver refuge lorsque les arbres ont disparu ?
➡️ Un recours croissant au bois-énergie, véritable non-sens écologique. Comment justifier des millions investis pour végétaliser nos villes … si, dans le même temps, on abat des arbres en quantité dans nos forêts pour les brûler ?
Ce paradoxe interroge. D’autant plus dans un contexte climatique, où chaque arbre compte, pour stocker du carbone, abriter la biodiversité, rafraîchir l’air.
Il faudra attendre au moins 50 ans pour revoir de grands arbres ! alertent les habitants. « Le réchauffement climatique accélère la mortalité des arbres, qui est de plus en plus visible, et rend leur croissance biologique chaotique. La replantation prévue cet automne, mobilisera d'importants fonds publics. Mais, sans l’ombrage d’un couvert forestier, la repousse des jeunes arbres reste très incertaine, exposée aux aléas climatiques et aux sécheresses répétées. »
Une forêt de protection… sans véritable protection
Cette forêt urbaine, sous statut de protection par décret du 23 août 2007, n'a aujourd'hui de véritable protection que le nom. Elle est gérée comme une forêt de production, selon une logique qui ne répond plus aux attentes sociétales ni aux enjeux écologiques du territoire.
Pourtant, ce statut vise précisément à préserver les forêts situées en périphérie des grandes agglomérations, ou dans des zones où leur maintien s’impose pour des raisons écologiques et pour le bien-être des populations. Dès lors, pourquoi la gestion forestière ne s’aligne-t-elle pas sur ces objectifs ?
L’intensification des coupes, menée ces dernières années, en contradiction avec les recommandations scientifiques et les études techniques, suscite une profonde incompréhension. Ce décalage grandissant entre terrain, science et gouvernance est devenu une source majeure de tensions.
Au-delà des constats, c’est aussi le sentiment d'un manque d’écoute, tant de la part du gestionnaire que des élus, qui nourrit le malaise. Promeneurs, riverains, associations locales... tous attendent une véritable concertation sur l’avenir de cette forêt, et sur le rôle essentiel qu'elle joue pour le climat, la santé et la qualité de vie des habitants.
Malgré l’affichage d'une volonté de co-construction, la démarche engagée par l’ONF pour élaborer le nouveau plan d’aménagement pour les 20 prochaines années, reste en deçà des attentes. Les demandes des associations, portant sur la réduction des prélèvements, la protection de la biodiversité et des sols, ou encore le maintien du puits de carbone forestier, peinent à être véritablement prises en compte.
Lire notre publication : Gestion des forêts domaniales en IDF : nos réponses
Un rendez-vous attendu pour la rentrée
Nous avons remis à Mme Piron notre « Plaidoyer pour la sauvegarde des forêts domaniales d’IDF » signé par + 30 000 personnes, dont 20 parlementaires franciliens.
Ce texte appelle notamment à la création d’un statut spécifique pour les forêts domaniales franciliennes, tenant compte de leur rôle majeur (climat, air, eau, biodiversité, santé…), dans le contexte singulier de cette région, l'une des plus petites, les plus peuplées, mais aussi les moins boisées de France.
Nous vous tiendrons informés, en particulier si Mme la députée soutient notre texte.
Lire notre plaidoyer : Plaidoyer-pour-les-forets-publiques-d-ile-de-france
Une rencontre avec Mme Anne-Laure Cattelot, présidente du conseil d’administration de l’ONF, a été proposée par Mme Piron pour la rentrée : une étape que nous attendons avec attention.

POUR EN SAVOIR PLUS
Gestion des forêts domaniales en IDF : notre publication
Basée sur des données publiques, des analyses techniques et des observations de terrain, cette publication s’adresse aux citoyen·nes, élu·es, associations, décideurs publics et médias. Elle invite à interroger les pratiques actuelles de gestion et à s’engager pour une approche plus respectueuse des enjeux écologiques, sociaux et sanitaires propres à un territoire aussi dense et urbanisé que l’Île-de-France.
Rencontre avec Béatrice Piron députée des Yvelines à Fausses-Reposes